top of page

Rencontre autour des sols aux jardins ouvriers des Vertus d'Aubervilliers

La saison 2023 du Cycle de rencontres IPAUP-93 se poursuit !


Samedi 1er juillet avait lieu à Aubervilliers, le 3ème événement du Cycle de rencontres IPAUP de cette saison 2023.


Les Cycles de rencontres IPAUP-93


A l’interface entre sciences, culture, art et société, les cycles de rencontres sont des espaces d’échanges visant à favoriser l’émergence d’une plus large compréhension, par le public, des enjeux liés à la pollution des sols en Seine-Saint-Denis. Débats, conférences, ateliers, visites de jardins et événements festifs sont régulièrement proposés dans différentes villes de Seine-Saint-Denis !


Une rencontre aux jardins ouvriers des Vertus d’Aubervilliers


Un petit comité d’une trentaine de personnes s’est réuni le samedi 1er juillet pour partager un moment aux jardins ouvriers des Vertus d’Aubervilliers.


Tôt dans la matinée, deux chercheurs du collectif IPAUP-93 Henri Robain, pédologue de l’IRD et Germain Meulemans anthropologue du CNRS se sont rendus au jardin. Ils étaient accompagnés par Dolores Mijatovic, la présidente de l'Association des jardins ouvriers des Vertus et de Marion Aubin, de l’association Point de Rassemblement qui porte depuis 2020 un projet d’éducation populaire sur les sols et marges de manœuvre vivrière sur sols pollués nommé SOLS V!VANTS.

Tous les quatre, ils sont partis à la rencontre d’une vingtaine de jardiniers. Ils ont pu collecter des échantillons de sols et réaliser de courts entretiens et ainsi en apprendre plus sur les pratiques agricoles des jardiniers. Les informations recueillies ont été très utiles pour interpréter les résultats des analyses d’échantillons réalisées l’après-midi.





Henri Robain collecte des échantillons de sol au jardin accompagné par Dolores Mijatovic



En début d’après-midi, Viviane Griveau-Genest, ingénieure de recherche du CNRS, ethnobotaniste et historienne spécialiste du Moyen-Age, a conduit une balade pédagogique dans les allées du jardin. Disposant d'une connaissance du monde végétal très vaste elle a pu présenter différentes plantes plus ou moins connues, parlant à la fois de leur provenance, des usages que tel ou tel peuple pouvait en faire par le passé, exposant leur vertu pour certaines, leur toxicité pour d’autres.


Ainsi, saviez-vous que le rumex dispose d’une racine pivot permettant de faire remonter les nutriments en surface ? Que la luzerne qui possède un gros système racinaire capte l’azote présent dans l’air faisant ainsi des réserves pour les plantes voisines ? En effet, la luzerne est une des plantes qui produit le plus d’azote, sous forme de protéine dans la plante elle-même, mais aussi par l’azote laissé dans le sol pour les cultures suivantes. Que la rose trémière est cultivée comme légume pour ses grandes feuilles en Egypte ? Ou encore, que l’achillée millefeuille a des capacités hémostatiques et est utilisée depuis plusieurs centaines d’années pour stopper les hémorragies ?




Balade pédagogique avec Viviane Griveau-Genest



Après cette visite très enrichissante, nous nous sommes rassemblés dans un espace collectif du jardin pour un atelier proposé par Point de Rassemblement. Il visait à expérimenter des manipulations simples permettant d’établir d’importantes caractéristiques agronomiques des sols cultivés : proportion de sable, limon et argile (granulométrie), pH, concentration en nutriments majeurs (N, P, K). Concrètement, le test de sédimentation consistait par exemple, à mélanger dans un bocal un échantillon de terre avec de l’eau ; puis, après avoir laissé reposer le mélange, à déterminer la texture de la terre en distinguant les composants qui s’étaient séparés en fonction de leur densité respective.


Ces expérimentations ont permis de mettre en évidence des différences notables entre prélèvements, soulevant de premiers questionnements quant à leurs causes et conséquences. Des éléments de réponse ont pu être développés, tel que l'apport récent de matières organiques expliquant un pH plutôt acide (6,5) alors que les sols de la région ont généralement un pH plutôt basique (8). Un pH compris entre 7 et 8 est idéal parce qu’il permet le développement de la plupart des plantes en rendant disponibles les nutriments présents dans le sol.


Les échanges ont également porté sur des modalités simples de rééquilibrage des taux d’azote, phosphore et potassium sans intrant chimique : par exemple en mutualisant les déchets verts entre parcelles au bénéfice des parcelles faibles en phosphore ou potassium, ou encore, en apportant du fumier ou en n’arrachant pas les pieds de fèves, pour équilibrer un taux d’azote un peu faible.


En parallèle de cet atelier, Henri a pu réaliser à l’aide d’un spectromètre pXRF (portable X-Ray Fluorescence), l’analyse des concentrations en Eléments Trace Métalliques (ETM) des échantillons collectés dans la matinée.

Il apparaît notamment d’assez importantes teneurs en plomb qui ont suscité appréhensions et questionnements. De longs échanges s’en sont suivis avec les jardiniers sur les pratiques envisageables pour limiter, voire éviter, la propagation des polluants dans les sols et cultures du jardin : paillage du sol, limitation du retournement de la terre, mise en place de cultures sur buttes ou sur « lasagnes ».


Dans un tel contexte, il est pertinent de limiter les apports en fumier qui ont tendance à acidifier les sols, ce qui peut favoriser la mobilité des ETM présents dans le sol et potentiellement augmenter leur teneur dans les plantes cultivées.

De plus, l’augmentation de l’acidité du sol impacte négativement le développement de la vie microbienne. Ainsi, on peut considérer que l’apport en fumier épandu sur la parcelle indiquant un pH de 6,5 suites aux analyses, pH plutôt acide donc, fut trop important. En milieu urbain particulièrement, l’épandage de fumier est une pratique à mobiliser précautionneusement.


Les analyses réalisées sur place seront confirmées par des analyses menées en laboratoire dans des conditions standardisées (séchage, broyage). Les résultats finaux seront retransmis aux jardiniers. Pour apprécier plus clairement le risque que représente ces ETM présents dans le sol, une campagne d’analyse des végétaux sera conduite ultérieurement avec les jardiniers.



















Test NPK, analyses des échantillons au pXRF et temps d'échanges autour du test de sédimentation



Pendant ces discussions, Henri et Germain ont également présenté le projet IPAUP, ses objectifs et ses premiers résultats. Les technosols construits en mélangeant matériaux d’excavation inertes et compost sont en effet une solution qui permettrait de concilier agriculture et sol pollué tout en développant une économie circulaire de réutilisation de ressources urbaines.


Ainsi, les questionnements liés à la pollution des sols sont très largement partagés, par l’ensemble des jardiniers d’Aubervilliers impliqués dans le projet SOLS V!VANTS et par ceux qui sont impliqués dans le projet IPAUP à St-Denis, à Bobigny, à Bondy et à Montreuil. Tous sont confrontés à la pollution historique des sols, aux conséquences des travaux d’aménagement et du trafic routier intense. La journée du 1er juillet aux jardins ouvriers des Vertus s’inscrivait à la fois dans l’agenda des événements de partage de connaissance du projet IPAUP et dans un vaste projet d’éducation populaire associant un grand nombre de jardins et terrains jardinés d’Aubervilliers. Une telle combinaison répond à un besoin pressant exprimé par l’ensemble des jardiniers du territoire, de construction de clefs d’interprétation et d’action.



Pour finir, la journée s’est conclue par un open barbecue où chacun pouvait amener ce qu’il comptait manger. Les brigades de solidarité étaient aussi présentes et ont pu faire déguster aux participants de délicieuses aubergines grillées.




Soleil couchant sur les jardins ouvriers des Vertus



Merci à tous les participants et organisateurs qui ont rendu possible cette journée riche d’apprentissages et ces moments de partages !


Notre prochaine rencontre ?


Organisée par le Sens de l’Humus, elle se déroulera aux Murs à pêches de Montreuil dans le cadre des Estivales de la permaculture, le 8, 9 et 10 septembre prochain.


Vous souhaitez suivre les actualités du projet ?


N’hésitez pas à rejoindre le groupe Facebook du collectif IPAUP-93, vous y trouverez notamment des informations concernant le prochain évènement du Cycle de rencontres IPAUP, mais aussi sur l’avancée du projet et des différentes étapes franchies par le collectif (plantations, récoltes, analyses etc.).

Pour suivre l'actualité du projet d'éducation populaire SOLS V!VANTS défendu par Point de Rassemblement rejoignez la page Facebook POP Laboratoire de résilience locale.


A très vite !

bottom of page